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2023-10-28T06:57:37+02:00

« In hoc signo vinces » : par ce signe, tu vaincras

Publié par Rose du Sud
« In hoc signo vinces » : par ce signe, tu vaincras

L’empereur romain Constantin est en guerre contre un rival lorsqu’en octobre 312, aux environs de Rome, il a une vision : une grande croix lumineuse dans le ciel, accompagnée des mots : « In hoc signo vinces », c’est-à-dire « Par ce signe, tu vaincras. » La nuit même, en songe, Jésus Christ lui apparaît pour lui expliquer le sens de cette vision : il faut qu’il fasse coudre sur ses étendards un symbole chrétien, le chrisme (la superposition des lettres grecques X et P – les deux premières lettres du mot « Christ », en grec, évoquant aussi la croix).

Le 28 octobre 312, au pont Milvius, Constantin livre bataille contre son adversaire, dont l’armée est deux fois supérieure en nombre, et il remporte une victoire décisive. Constantin, élevé dans le paganisme, se convertit alors et devient le premier empereur romain chrétien.

 
Giulio Romano, Bataille du pont Milvius, 1520-1524, musées du Vatican. / ©CC0/wikimedia

Les raisons d'y croire :

  • L’armée de Maxence, le rival de Constantin, était environ deux fois plus nombreuse que celle de Constantin, et c’est elle qui tenait le terrain sur lequel on se battait, ce qui lui procurait un avantage considérable. La victoire du 28 octobre 312 était donc hautement improbable.
  • Même des chroniqueurs païens de l’époque ont reconnu que la victoire de Constantin avait une origine surnaturelle.
  • Constantin n’avait aucun intérêt à se convertir au christianisme, religion dont la prétention à la vérité était très mal perçue dans la société romaine polythéiste et relativiste. L’armée, principal soutien de l’empereur, était notamment restée largement païenne et traditionaliste.
  • Pour mettre les chrétiens de son côté, il lui aurait suffi de mettre un terme aux persécutions, sans pour autant se convertir lui-même. On ne peut donc pas voir dans sa conversion un agenda politique.
  • L’avènement de Constantin met fin à la guerre civile. Le règne de Constantin est marqué par un grand progrès des droits humains : grande amélioration du traitement des esclaves (interdiction de les marquer au fer rouge sur le visage, interdiction de séparer les familles), protection des droits des femmes (interdiction des mariages forcés), etc.

Synthèse :

Constantin, né dans les années 270, fils de l’empereur Constance Chlore, a grandi dans une ambiance très religieuse, mais plutôt relativiste : la religion traditionnelle romaine était encore pratiquée, mais beaucoup n’y croyaient plus ; l’idée d’un Dieu unique (parfois identifié au soleil) séduisait, mais sans qu’on puisse l’identifier au Dieu révélé du judaïsme et du christianisme ; les religions initiatiques d’Égypte et du Proche-Orient étaient à la mode, ainsi que les différentes écoles philosophiques.

Acclamé empereur en 306, Constantin doit s’imposer face aux autres candidats au pouvoir : dans cette période complexe, il y eût jusqu’à six empereurs en même temps. À la fin de l’été 312, il ne lui reste plus qu’un seul opposant : l’empereur Maxence. Ce dernier avait pour lui deux grands avantages : c’est lui qui tenait Rome, et son armée était environ deux fois plus nombreuse que celle de Constantin. Celui-ci n’avait donc presque aucune chance de l’emporter.

L’évêque Eusèbe de Césarée, qui fut par la suite un proche conseiller de l’empereur, raconte comment Constantin, observant en lui-même que le paganisme de ses prédécesseurs n’avait causé jusque-là que guerres et rivalités destructrices, décide de se tourner vers le Dieu des chrétiens. Voilà le témoignage d’Eusèbe (Vie de Constantin, I, 27-29) : « À l’empereur qui priait et demandait en suppliant, un signe merveilleux, envoyé par Dieu, apparut. Ce serait difficile à croire si cela nous venait de quelqu’un d’autre, mais c’est le prince lui-même qui me l’a raconté, longtemps après, quand je fus devenu proche de lui ; et il me l’a juré avec un serment solennel. Comment alors ne pas le croire ? D’autant plus que les événements qui ont suivi confirment la vérité de ce témoignage. Ainsi donc, comme il me l’a affirmé, il vit de ses yeux, au milieu de l’après-midi, une croix lumineuse par-dessus le soleil, avec cette inscription : “Par ce signe, tu vaincras.” À cette vue, lui-même et tous les soldats qui le suivaient, faisant je ne sais quelle manœuvre, et qui assistèrent donc au miracle, furent remplis de stupeur. Lui-même, m’a-t-il dit, se demandait ce que cela signifiait. Pendant la nuit, alors qu’il réfléchissait et repassait tout cela dans sa tête, le Christ, le Fils de Dieu, lui apparut dans son sommeil avec ce signe qu’il avait vu dans le ciel, et lui ordonna de faire un étendard militaire à cette effigie, et d’aller au combat sous sa protection. » C’est bien ce que fait l’empereur, qui remporte ce jour-là, le 28 octobre 312, une victoire inespérée sur son adversaire – victoire qui marque le début d’un règne glorieux et prospère.

La conversion de Constantin est l’un des événements les plus importants de l’histoire antique. Beaucoup d’historiens et de commentateurs ont prétendu que ce n’était qu’un calcul politique de la part de l’empereur, mais cette thèse ne tient pas : en effet, en adhérant à la nouvelle religion, Constantin se fait plutôt mal voir à la fois par l’armée, qui était restée majoritairement païenne, et par une partie des élites romaines, qui se livrait aux religions initiatiques venues d’Orient. Arrêter les persécutions, mais sans pour autant devenir chrétien lui-même, comme l’avait fait son père Constance Chlore, aurait largement suffi à mettre les chrétiens de son côté. D’ailleurs, même les chroniqueurs païens de l’époque ont reconnu que Constantin avait agi sous l’inspiration d’une divinité : « Tu as sûrement eu, Constantin, un entretien secret avec l’esprit divin […] qui daigna te donner une révélation, à toi seul » (« Panégyrique de Constantin (313) », publié dans le recueil Panégyriques latins, tome II, Éditions des Belles lettres).

Tristan Rivière


Au-delà des raisons d'y croire :

L’empereur Constantin fit beaucoup en faveur de l’unité de l’Église. C’est notamment lui qui convoqua le premier concile œcuménique de Nicée en 325 (réunion d’évêques représentant toute la chrétienté), dont les définitions théologiques font encore autorité, non seulement pour l’Église catholique, mais pour les Églises orthodoxes et la plupart des Églises orientales séparées.


Aller plus loin :

Paul Veyne, Quand notre monde est devenu chrétien (312-394), Paris, Albin Michel, 2007 : dans cet ouvrage vif, souvent provocateur, l’historien montre la sincérité de la conversion de Constantin.


En savoir plus :

  • Eusèbe de Césarée, Vie de Constantin, « Sources chrétiennes », n. 559, Éditions du Cerf, 2013.
  • Pierre Maraval, Constantin le Grand. Empereur romain, empereur chrétien (306-337), Paris, Tallandier, 2011
  • Sur la chaîne YouTube de KTO, l’émission « La conversion de Constantin », présentée par Christophe Dickès, avec Claire Sotinel et Vincent Puech, 24 juin 2021.

Source : https://1000raisonsdecroire.mariedenazareth.com/

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