Dessaisissons-nous des fausses idées sur la spiritualité, en compagnie du philosophe Fabrice Midal qui identifie cinq profils spirituels précis qui font notre singularité. Explorons une spiritualité ancrée dans le corps, dans la vie de tous les jours, dans notre rapport aux autres.
Fabrice Midal est philosophe, écrivain, enseignant en méditation et auteur chez Flammarion "Les cinq portes, Trouve le chemin de ta spiritualité". Il défend une spiritualité assez éloignée de l'idée que l'on s'en fait couramment (spiritualité éthérée, abstraite, déconnectée du réel) et déconstruit les fausses idées sur la spiritualité qui doit avant tout être un moyen de mieux accepter notre humanité, notre finitude individuelle et garder confiance dans le mouvement de la vie. En somme, il faut apprendre à ne surtout pas s'en vouloir d'être ce que l'on est et de cultiver cette paix avec soi-même et le monde extérieur.
Le philosophe définit la spiritualité comme "le fait de reconnaître l'être humain dans son entièreté, apprendre à rester relié où que l'on soit, accepter de ne pas réduire l'être humain à une case. Elle nous invite à nous incarner, à mieux voir l'entièreté de la réalité, à se reconnecter avec son désir et sa vocation. Elle nous apprend à ne pas être simplement ce que la société veut qu'on soit, apprendre à ne pas nous laisser nous réduire à nos problèmes et nos imperfections. C'est essayer de voir le monde comme l'émerveillement permanent d'un enfant".
On considère souvent à tort que la spiritualité c'est se couper de son propre désir alors que c'est justement tout le contraire ! Prenez Proust. Aussitôt qu'il mange sa madeleine, le temps s'arrête comme s'il se réconciliait avec son humanité
Fabrice Midal propose 5 chemins spirituels, cinq portes qui correspondent à cinq énergies. Il propose un test à effectuer, également disponible en ligne, qui permet de prendre conscience de son profil spirituel. Quel est celui qui vous permettrait de mieux cultiver cette spiritualité dans vos actes quotidiens ?
- La porte rouge. C'est le bonheur d'entrer en relation
"Rouge comme le feu qui vibre, comme un mouvement qui nous traverse. C'est entrer en relation, sentir le lien, entrer dans une forme d'empathie. Vous aimez que les choses soient soit tendres, émouvantes. Vous n'avez pas peur des émotions et vous avez une forme d'intelligence discriminante. Mais quand vous n'ouvrez pas cette porte qui est la vôtre, cette qualité en vous, vous n'arrivez pas à vous engager.
Votre sommet spirituel est d'être en relation avec le monde
- La porte bleue. Le bonheur de la clarté
C'est vouloir voir clair. Vous avez envie de comprendre, que tout soit donné et vous avez une qualité de réussir à percevoir le moindre détail dans son ensemble dans chaque situation donnée. Votre esprit est comme un miroir qui vous traduit toute situation. Mais, quand vous n'arrivez pas à ouvrir cette porte, vous pouvez devenir tranchant puisque que tout le monde n'a pas le même désir de clarté. Mais derrière cette colère, il y a ce désir profond qui vous habite, cette intelligence, ce désir de justice et il faut parfois essayer de se détacher de la certitude que vous avez d'avoir raison.
- La porte blanche. Le bonheur d'être pleinement confiant
Votre désir profond, c'est d'être en paix, c'est le plaisir de ne pas être dérangé. Vous avez une qualité, vous êtes ouvert, vous êtes extrêmement accueillant. Il y a vraiment quelque chose de très doux, de délicat en vous. Et quand vous n'ouvrez pas cette porte, vous pouvez devenir un peu entêté parce que vous ne voulez pas être bousculé, brusqué. Vous êtes un peu perdu.
- La porte jaune. Le bonheur de la plénitude
Vous aimez donner, que tout soit plein, que le monde soit plongé dans le bonheur, et toujours avec une vraie intensité. Vous sentez immédiatement ce qui serait nécessaire dans une situation pour qu'elle soit mieux, pour qu'elle soit pleine. Mais quand vous ne reconnaissez pas que c'est en vous, vous avez l'impression que cette richesse est à l'extérieur de vous, ce qui crée parfois une tension, un sentiment de pauvreté qui donne l'impression qu'on ne leur donne pas assez, qu'on n'est pas assez reconnaissant, qu'on n'est pas assez généreux.
- La porte verte. Le bonheur d'agir
C'est le fait d'être constamment pris dans l'action, par le rythme juste et que les choses s'accomplissent toutes seules. Mais quand on n'ouvre pas la porte, on peut être obsédé par le résultat et ne plus ressentir le bonheur de faire. On se compare tout le temps, on devient paranoïaque, on est jaloux parce qu'on n'arrive pas à faire confiance dans le mouvement de l'action elle-même. Faire des actions simples en laissant tomber l'obsession du résultat, s'autoriser à éprouver le plaisir de faire ce que je fais pendant que je le fais".
On peut aussi apprendre à manifester les cinq portes, les cinq énergies pour pouvoir être extrêmement flexible, ça rend les choses beaucoup plus belles
Fabrice Midal, philosophe et écrivain, fondateur de l'École Occidentale de Méditation, directeur de collection chez Pocket et Plon. Auteur de "Les 5 portes" (Flammarion, janvier 2022).