Déclaration de Mgr Éric de Moulins-Beaufort, archevêque de Reims et président de la Conférence des évêques de France, au sujet du conflit militaire en Ukraine.
La décision du Président de la Fédération de Russie d’intervenir militairement en Ukraine enclenche un processus de guerre qui suscite en nous une immense inquiétude. La Fédération de Russie, quoi qu’il en soit de ses raisons, brise unilatéralement un processus de paix engagé depuis des années et viole le droit international ; les Ukrainiens défendent leur pays, avec ce qu’il représente d’histoire et culture, de marche dans la dignité vers la liberté. Les Européens savent que la guerre n’est jamais une solution. Ils savent aussi qu’il ne peut y avoir de paix sans justice ; de nos jours, la justice passe par le respect du droit international.
A la suite du pape François et en union avec les évêques de France, j’appelle les catholiques de France à prier pour les Ukrainiens et pour le retour de la paix en Ukraine, pour toutes les victimes de la violence aveugle que porte la guerre. Prions aussi pour le peuple russe tout entier, dans sa diversité. Dans notre prière, n’oublions pas les soldats, les familles qui seront endeuillées, les personnes qui seront blessées. N’oublions pas non plus les populations civiles et, parmi elles, les plus fragiles et les pauvres qui sont trop souvent les premières victimes des conflits. La responsabilité des dirigeants qui décident la guerre est immense à leur égard.
Les catholiques prieront en particulier comme l’a suggéré le Pape lors du mercredi des cendres, le 2 mars 2022. Ce jour-là, les chrétiens entrent en carême et sont invités à prier davantage et à jeûner. Nous offrirons cela pour la paix et la justice, en communion avec tous ceux qui en Ukraine et en Russie aspirent à la paix, à la vérité et à la justice.
Que le Seigneur éclaire les gouvernants, convertisse les cœurs qui doivent l’être et soutienne tous ceux qui se mobiliseront pour restaurer la paix, le dialogue et la concorde entre les peuples. Qu’il inspire aux évêques des différentes confessions les paroles et les gestes qui réconforteront et qui serviront le véritable esprit de paix.
Mgr Eric de Moulins-Beaufort,
Archevêque de Reims,
Président de la Conférence des évêques de France
lors que la situation en Ukraine ne cesse de se détériorer, le pape François a annoncé ce mercredi une journée de prière et de jeûne pour l’Ukraine le 2 mars. D’autres initiatives de prière pourraient prochainement voir le jour.
La prière, ultime recours dans la crise ukrainienne ? Au lendemain de la reconnaissance par la Russie de l’indépendance des territoires séparatistes de l’Ukraine et alors que Vladimir Poutine a annoncé dans la nuit de mercredi à jeudi le lancement d’une opération militaire en Ukraine, le pape François a décidé ce mercredi 23 février une journée de prière et de jeûne le 2 mars, date qui marque l’entrée en Carême avec le Mercredi des cendres. « À l’absurdité diabolique de la violence, nous répondons par les armes de Dieu, par la prière et le jeûne », a-t-il indiqué lors de l’audience générale. « Que la Reine de la paix préserve le monde de la folie de la guerre. »
« J'ai une grande douleur dans le cœur face à la dégradation de la situation en Ukraine. Malgré les efforts diplomatiques de ces dernières semaines, des scénarios de plus en plus alarmants s'ouvrent. Comme moi, de nombreuses personnes dans le monde ressentent de l'angoisse et de l'inquiétude. Une fois de plus, la paix de tous est menacée par des intérêts partisans. Je voudrais lancer un appel à ceux qui ont des responsabilités politiques pour qu'ils fassent un sérieux examen de conscience devant Dieu, qui est le Dieu de la paix et non de la guerre, le Père de tous et non de quelques-uns, qui veut que nous soyons frères et non ennemis. Je prie toutes les parties concernées de s'abstenir de toute action qui causerait encore plus de souffrances à la population, déstabiliserait la coexistence entre les nations et discréditerait le droit international. Et maintenant, je voudrais lancer un appel à tous, croyants et non-croyants. Jésus nous a appris qu'à l'insistance diabolique, à l'absurdité diabolique de la violence, on répond avec les armes de Dieu : par la prière et le jeûne. J'invite tout le monde à faire du 2 mars prochain, mercredi des Cendres, un jour de jeûne pour la paix. J'encourage tout particulièrement les croyants à se consacrer intensément à la prière et au jeûne ce jour-là. Que la Reine de la Paix préserve le monde de la folie de la guerre ».
Crise en Ukraine : la force de la prière
Il s’agit de la deuxième journée de prière pour la paix en Ukraine en à peine quelques semaines que convoque François (la précédente avait eu lieu le 26 janvier, ndlr). D’après un ancien ambassadeur cité par le journal italien Il Fatto Quotidiano, « à part l’Union européenne, seul le pape François peut imposer la paix à Poutine ».
Ces armes de Dieu que sont la prière et le jeûne, François n’est pas le seul à les convoquer. Déjà les jours précédents plusieurs paroisses ont mis en place différentes initiatives afin de prier pour la paix en Ukraine. Dans la paroisse de Sautron (diocèse de Nantes), un chapelet était organisé le 21 février pour la paix en Ukraine et que la Vierge Marie « envoie son Esprit sur les responsables politiques. » Le mouvement des Jeunes pour la Paix de Sant’Egidio a quant à lui organisé un flashmob samedi dernier pour appeler à la paix en Ukraine. De nombreuses paroisses ont d’ores et déjà inclus dans leur prière universelle une intention toute particulière pour l’Ukraine.
Les gestes de paix naissent de la vie de personnes qui nourrissent en elles des attitudes constantes de paix. Ce sont des fruits de l’esprit et du cœur des artisans de paix.
L’Église catholique a l’habitude de prier pour la paix. « La paix n’est pas tant une question de structures que de personnes. Il est certain que les structures et les procédures de paix – juridiques, politiques et économiques – sont nécessaires et, par bonheur, elles sont souvent présentes », rappelait avec justesse Jean Paul II en 2003 dans son message pour la journée mondiale de la paix. « Toutefois, elles ne sont que le fruit de la sagesse et de l’expérience accumulées au long de l’histoire à travers d’innombrables gestes de paix, posés par des hommes et des femmes qui ont su garder espoir sans jamais céder au découragement. Les gestes de paix naissent de la vie de personnes qui nourrissent en elles des attitudes constantes de paix. Ce sont des fruits de l’esprit et du cœur des artisans de paix. »
Alors qu’un sommet des dirigeants des 27 pays de l’Union européenne se tient ce jeudi 24 février à Bruxelles, afin de définir une approche et des actions collectives après la décision de la Russie de reconnaître l’indépendance des régions de Donetsk et de Lougansk et de violer l’intégrité territoriale de l’Ukraine, prier pour la paix, chez soi, en paroisse ou en communauté, est un moyen, pour les fidèles, de s’impliquer personnellement et spirituellement dans ce conflit en se faisant serviteur de paix.

