C'est un peu ainsi pour la paix, je crois. Elle a de la difficulté à se faire entendre, car les soucis et les frivolités du jour enterrent la voix tranquille des instants de la quiétude, des minutes de répit, des moments de joie et de succès et enfouissent sa mélodie en sous-sol.
Mais elle est là cette paix, en sourdine peut-être, mais prête à donner d'elle-même à celui qui l'écoute. Elle nous croise, nous dit «Bonjour», «merci», «Comment ça va ? », «Puis-je t'aider ? ». Elle a un vocabulaire tendre, une tonalité pure et des silences bavards entre ses vers.
Malheureusement, les émissions radiophoniques ou télévisuelles lui refusent souvent la vedette et préfèrent proclamer, comme nouvelles d'actualité, sa contrepartie, la guerre. Il faut des oreilles bien fines pour capter les ondes fragiles de la paix, des oreilles qui veulent l'entendre.
Voir la paix
Les yeux des chercheurs de paix fixent leur regard sur elle et l'aperçoivent dans la foule des événements comme l'amoureux qui reconnaît sa bien-aimée parce qu'il la cherche tout le temps.
« La paix habite tel foyer ou telle école ou telle paroisse... Voilà une bonne nouvelle, je l'ai vue ! » s'exclament nos prophètes qui voient venir des jours meilleurs. Dans leurs visages d'espérance, le monde recommence à rêver.
Es-tu, comme eux, un visionnaire de paix? As-tu remarqué l'écriteau sur la porte de ton voisin? Regarde … Il est écrit : « Bienvenue chez nous ».
Je risque ici d'être accusée de souffrir d'un optimisme béat, mais si je nie les preuves de l'existence de la paix, aussi bien dire que je suis aveugle au sourire confiant d'un bambin, aux organismes qui aident aux autres, à la beauté d'une femme qui accouche, au père qui joue au ballon-panier avec son fils, à la lumière dans les yeux de cet adolescent enthousiaste.
Voir la paix, c'est l'admirer, la contempler, la valider et l'aider à se réaliser. C'est y croire ! C’est aussi se bâtir des attentes...
Goûter la paix
Lorsque je m'énerve et ne goûte plus la paix, ne l’apprécie plus, résonnent parfois ces mots à l'intime de moi :
«
Toi, La goûtes-tu la paix ? As-tu de ces havres de bonheur qui te permettent de te ressourcer, de vivre le calme, la fraternité ou la solidarité? As-tu un puits de paix? Boire et se nourrir sont des besoins essentiels à la vie... tu le sais.
Tu as assurément connu des gens qui ne parlent plus que de désastres, de violences, de maladies ou de mort. Déprimées, ces pauvres gens, bien à l’encontre de leur volonté, sèment le doute et même l’angoisse dans le cœur de leurs proches. « Les jeux sont faits... plus rien ne va... c'est la fin du monde... ».
Si tu les rencontres, je t'en prie, dis-leur avec toute la conviction de ton être : « Voici venir des jours de justice et de paix ». Touche-les de ta paix, réconforte-les, console-les et peut-être auras-tu même l'audace, comme je l'ai eue envers toi, de leur demander : « La paix, l'entends-tu, la vois-tu, la goûtes-tu? »
Lysette Brochu - Regard de foi, novembre 1985