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2020-08-15T07:01:08+02:00

Marie - Assomption de Marie - L'Assomption (Bonne fête à toutes les Marie)

Publié par Rose du Sud

L'Assomption de Marie, qui est appelée Dormition dans la tradition orientale, est la croyance religieuse orthodoxe et catholique selon laquelle la Vierge Marie, mère de Jésus, n'est pas morte comme tout un chacun mais est entrée directement dans la gloire de Dieu (ce qu'on traduirait communément par « montée au ciel »). L'expression « après avoir achevé le cours de sa vie terrestre » utilisée par le Pape, laisse ouverte la question de savoir si la Vierge Marie est morte avant son Assomption, ou si elle a été élevée avant la mort.

Sans fondement scripturaire mais très ancienne dans la Tradition des Églises d’Orient comme d’Occident (et fêtée liturgiquement dès le VIIIe siècle), la croyance fut définie comme dogme religieux (c’est-à-dire ‘vérité de foi chrétienne’) par la constitution apostolique Munificentissimus Deus de Pie XII en 1950. Elle est la première, et à ce jour la seule, déclaration faisant usage de l'infaillibilité papale depuis la proclamation de l'infaillibilité par le Concile Vatican I. Tout en partageant la même foi en l'Assomption, les Églises orientales n'ont jamais souhaité définir la ‘Dormition’ en termes dogmatiques.

Dans l’Église catholique, l’Assomption de la Sainte Vierge-Marie est célébrée liturgiquement de manière solennelle, le 15 août, et s’accompagne fréquemment de processions religieuses. Dans le calendrier anglican la fête de l’Assomption a disparu en 1549 mais le 15 août est resté la fête principale de la Vierge Marie (sans référence à son Assomption). La date du 15 août serait celle de la consécration à Jérusalem de la première église dédiée à Marie, Mère de Jésus fils de Dieu, au Ve siècle, après le concile d'Éphèse (431).

Histoire

Origine et développement de la croyance
 
L'Assomption de la Vierge (Poussin, 1631)

Avant d'être un dogme, l'Assomption de Marie était une croyance reposant sur la tradition patristique et non sur des bases scripturaires reconnues des premiers temps de l'Église. En effet, aucun texte du Nouveau Testament n'évoque la fin de Marie, et ce sont des textes apocryphes et des légendes qui ont comblé ce vide1.

En 373 [ap. J-C.], saint Ephrem2 évoque le concept selon lequel le corps de Marie serait resté, après sa mort, intact — à savoir non atteint par « l'impureté » de la mort (La Torah étant « une Torah de vie », la mort et ceux qui la portent sont considérés comme impurs, pour tous.).

Au IVe siècle, Épiphane de Salamine envisage plusieurs hypothèses sur ce qui est advenu de Marie à la fin de sa vie. Il conclut qu'on ne peut pas se prononcer3, mais laisse ouverte la possibilité que certains milieux hétérodoxes à ses yeux en savaient davantage. Puisqu'une tradition écrite existe dès le Ve siècle, elle remonte vraisemblablement au IVe siècle4.

En Occident, Grégoire de Tours est le premier à en faire mention, à la fin du VIe siècle5. Il s'appuie apparemment sur un corpus de textes apocryphes, appelés collectivement le Transitus Mariæ, généralement rattaché au Ve siècle. Cet ensemble de textes est explicitement désigné par Gélase Ier en 495-496, comme étant « à ne pas retenir » car apocryphe, jugement qui porte sur cette compilation et non sur la croyance en elle-même. Selon cette tradition, Marie rencontre sur le mont des Oliviers un ange qui lui remet une palme de l'arbre de vie et lui annonce sa mort prochaine. Marie rentre chez elle et fait part de la nouvelle à son entourage. Miraculeusement, les apôtres reviennent des différents endroits où ils sont partis prêcher, afin de l'entourer. Jésus apparaît entouré d'anges pour recevoir l'âme de sa mère, qu'il confie à l'archange Michel. Les apôtres enterrent le corps au pied du mont des Oliviers. Quelques jours plus tard, Jésus apparaît de nouveau et emporte le corps au Paradis, où l'âme et le corps de Marie sont réunis.

En Orient, Jean Damascène rapporte la tradition de l'Église de Jérusalem à ce sujet : selon lui, Juvénal, évêque de Jérusalem, se voit demander lors du concile de Chalcédoine le corps de Marie par le couple impérial, Marcien et Pulchérie. Juvénal répond que Marie est morte entourée de tous les apôtres, sauf Thomas, qui est en retard. À son arrivée, quelques jours plus tard, Thomas demande à voir la tombe, mais celle-ci s'avère vide ; les apôtres en déduisent alors qu'elle a été emportée au ciel6.

Une autre tradition rapporte que l'Assomption a lieu à Éphèse, dans la maison connue aujourd'hui comme la « Maison de la Vierge Marie », accompagnée de l'apôtre Jean, à qui le Christ, sur la croix, avait confié Marie7. La première allusion attestée ne date que de la fin du IXe siècle, dans un manuscrit syriaque qui rapporte que Marie suit Jean à Éphèse et qu'elle y meurt8. Les seules autres sources pré-modernes sont trois auteurs syriaques des XIIe et XIIIe siècles8.

Une fête avant d'être un dogme

 
Gravure en tête du Paroissien complet selon le rite romain à l'usage du diocèse de Rouen, 1877.
  • Au VIe siècle, l'empereur byzantin Maurice instaure dans son Empire, la fête de la Dormition de la Vierge Marie chaque année à la date du 15 août, semble-t-il pour commémorer l'inauguration d’une église dédiée à la Vierge montée au ciel, le Sépulcre de Marie9.
  • En 1638, le roi Louis XIII désirant un héritier consacre la France à la Vierge Marie sous le titre de son Assomption12,13 et demande à ses sujets de faire tous les 15 août une procession dans chaque paroisse afin d'avoir un fils. Comme Louis XIV naît l'année suivante, la fête célébrée par le Vœu de Louis XIII prend une importance particulière en France14.
  • En 1854 la proclamation du dogme de l’Immaculée conception entraîne de nombreuses pétitions à Rome pour que soit officiellement défini le dogme de l’Assomption. « De 1854 à 1945, huit millions de fidèles écriront en ce sens. Il faut y ajouter les pétitions de 1 332 évêques, de 83 000 prêtres, religieuses et religieux. Face à ces demandes répétées, Pie XII demande aux évêques du monde de se prononcer. 90 % des évêques y sont favorables. 10 % des évêques s’interrogent sur l’opportunité d’une telle déclaration »15.
 
Protonotaire apostolique, monseigneur Louis Duchesne (1843-1922) préside une procession du 15 août à Saint-Malo, en France.

Le 1er novembre 1950, Pie XII officialise en quelque sorte la fête mariale qui existe depuis quatorze siècles en proclamant que l'Assomption doit être désormais considérée comme un dogme de foi divinement révélé par Dieu. Marie, ayant été préservée du péché originel et n'ayant commis aucun péché personnel a été élevée à la gloire du ciel, après la fin de sa vie terrestre, en corps et en âme. Rien n'obligeait, en effet, son enveloppe charnelle à attendre la résurrection des corps à la fin des temps. (Constitution Munificentissimus Deus, 1er novembre 1950).

Enseignement de l'Église catholique

 
Représentation de l'Assomption par Fermo Ghisoni da Caravaggio (XVIe siècle).

Le , l'Assomption de Marie est définie comme un dogme de foi par la constitution apostolique Munificentissimus Deus du pape Pie XII :

« Par l'autorité de Notre-Seigneur Jésus-Christ, des bienheureux apôtres Pierre et Paul, et par Notre propre autorité, Nous prononçons, déclarons, et définissons comme un dogme divinement révélé que l'Immaculée Mère de Dieu, la Vierge Marie, après avoir achevé le cours de sa vie terrestre, fut élevée corps et âme à la gloire céleste »

— Constitution dogmatique Munificentissimus Deus, § 4416.

L'expression « après avoir achevé le cours de sa vie terrestre » utilisée par le Pape, laisse ouverte la question de savoir si la Vierge Marie est morte avant son Assomption, ou si elle a été élevée avant la mort.

Par la suite, la constitution dogmatique Lumen gentium du concile Vatican II de 1964 a énoncé ce qui suit :

« Enfin, la Vierge immaculée, préservée de toute tache de la faute originelle, au terme de sa vie terrestre, fut élevée à la gloire du ciel en son âme et en son corps et elle fut exaltée par le Seigneur comme Reine de l'univers afin de ressembler plus parfaitement à son Fils, Seigneur des seigneurs et vainqueur du péché et de la mort. »

— Constitution dogmatique Lumen Gentium sur l'Église, § 5917.

 
La fête de l'Assomption de Marie à Novara di Sicilia en août.

Processions et festivités de l'Assomption

 
Début de la procession de l'Assomption dans une paroisse du Chacas.

D'innombrables processions ont lieu dans les paroisses catholiques le jour de l'Assomption, jour férié dans nombre de pays catholiques.

  • En France, depuis le vœu de Louis XIII qui place le royaume de France sous la protection de Notre-Dame de l'Assomption, les processions sont traditionnellement suivies et donnent souvent lieu à des festivités, feux d'artifices, etc., comme à Biarritz ou Chartres. Celle de Paris se tient depuis quelques années dans un bateau sur la Seine, où l'on sort la statue d'argent de la Vierge conservée à Notre-Dame. Le pèlerinage fluvial se fait toujours la veille le 14 août. Plusieurs bateaux descendent la Seine pour ensuite remonter du côté sud de l'île de la Cité, les pèlerins ont des bougies entre les mains et des prières à la bouche. Lors de ces processions ou en conclusion de celles-ci, souvent est dite une prière pour la France. Le sanctuaire de Lourdes connaît alors ses plus grandes heures d'affluence.
  • En Belgique, le 15 août en Outremeuse débute par une procession et trois jours de festivités. Également, ont lieu des offices et processions aux flambeaux à Banneux et aux sanctuaires de Beauraing.
  • En Espagne, les fêtes se déroulent partout. C'est à Elche, très particulièrement où a lieu une Fête très ancienne avec la représentation dans sa basilique du grandiose Mystère d'Elche.
  • Des pèlerinages ont également lieu comme en Pologne à Częstochowa, en Croatie à Proložac, etc.
  • Des processions suivies par de grandes foules se tiennent également en Italie notamment en Calabre et en SicilePalerme, Messine, Novara di Sicilia), en Amérique latine, aux Philippines, et en Afrique.
  • Le 15 août est la date de la Fête nationale de l'Acadie. Marie est un des symboles de l'Acadie.

La fête de Marie Reine, conclusion liturgique catholique de l'Assomption

Huit jours après avoir fêté l'Assomption de Marie (soit le 22 août), est célébrée la fête de Marie Reine. En octobre 1954, par son encyclique Ad caeli Reginam, le pape Pie XII institua cette fête afin de conclure cette octave solennellisante de l'Assomption et reconnaissant la « Vierge Marie, qui brûle d'un amour éternel, comme Reine et Souveraine à cause de la manière unique dont elle contribue à notre Rédemption ».

Point de vue des Églises orthodoxes

La Dormition de la Mère de Dieu dans l'Église orthodoxe

L'Église orthodoxe célèbre, le 15 août du calendrier julien dans certains pays ou du calendrier grégorien dans d'autres, la Dormition de la Mère de Dieu, c'est-à-dire sa mort, entourée des apôtres, sa résurrection et sa glorification18. C'est l'une des 12 grandes fêtes de l'Église orthodoxe et la dernière du calendrier liturgique (la première étant la Nativité de la Vierge)19. Il y est proclamé que Marie a été « élevée par Dieu jusqu'au Royaume céleste du Christ dans la plénitude de son existence, spirituelle autant que corporelle ». Marie, selon la tradition de l'Église orthodoxe, serait montée au Ciel dans son corps, ce qu'elle appelle l'Assomption20 de la même manière que l'Église catholique. Cet événement est compris comme les prémices de la résurrection des corps, qui selon la croyance de l'Église orthodoxe, aura lieu lors du Second avènement du Christ, comme l'exprime le théologien Vladimir Lossky : « Si Elle resta encore dans le monde, si Elle se soumit aux conditions de la vie humaine jusqu'à accepter la mort, c'est en vertu de sa volonté parfaite, dans laquelle elle reproduisit la kénose (humiliation) volontaire de son Fils. Mais la mort n'avait plus d'emprise sur Elle : comme son Fils, elle est ressuscitée et montée au Ciel, première hypostase humaine qui réalisa en Elle la fin dernière pour laquelle fut créé le monde. »21.

Si la célébration de la Dormition est très proche de la fête catholique de l'Assomption, elle n'en diffère pas moins sur certains points. La différence s'opère précisément par le fait que l'Église catholique associe, dans sa définition de l'Assomption de la Vierge (donnée ci-dessus), le dogme de l'Immaculée conception rejeté par l'Église orthodoxe. Selon la tradition orthodoxe, Marie est réellement morte, par la nécessité de sa nature humaine mortelle, liée à la corruption de ce monde après la Chute (en cela elle est solidaire de l'humanité)22, et a été ressuscitée par son fils comme la Mère de Vie : de ce fait, elle est considérée comme participant à la vie éternelle du Paradis. L'Église orthodoxe, de ce fait, adresse à la formulation catholique du dogme de l'Assomption les mêmes critiques qu'à celui de l'Immaculée Conception23 :

  • D'une part, il est contraire à la foi des Pères de postuler la Très Sainte Mère de Dieu comme « préservée par Dieu de toute atteinte de la faute originelle » : ce serait en faire une personne à part du genre humain, supprimant toute liberté pour la Vierge Mère de dire « non », faisant perdre de ce fait sa valeur salvatrice à la réponse positive qu'elle fit à l'annonce de l'ange Gabriel (« Je suis la servante du Seigneur : qu'il me soit fait selon ta Parole ! »), ce à quoi les catholiques répondent qu'Adam et Ève, bien que créés sans péché, ont eu la liberté de ne pas suivre la voie que leur indiquait Dieu. Être libéré du péché originel n'enlève donc pas le libre arbitre ;
  • Mais surtout, postuler la Vierge Marie comme préservée du péché originel, c'est-à-dire sauvée par avance, serait la rendre hors d'atteinte de la mort24. Toutefois le pape Benoît XVI a rappelé que pour les catholiques la Dormition précédait l'Assomption25.

Le point de vue des autres Églises

Refusant toute exégèse sur la question car ne prenant en compte que ce qui est relaté dans les livres seuls considérés comme inspirés de Dieu, le protestantisme refuse cette doctrine, ou croyance dans laquelle il voit une nouvelle tendance de l'Église catholique à la « mariolâtrie » (adoration idolâtre de la mère de Jésus Christ plutôt que de Dieu). L'anglicanisme et le luthéranisme observent la fête, mais l'appellent « la fête de Marie », et omettent l'Assomption.

Représentations

 
1759, Giambattista Tiepolo
Oratorio della Puritá, Udine26

Dictons relatifs à l'Assomption

Fête populaire, elle fait l'objet de nombreux dictons :

  • À la dame d'août, le dormeur dort tout son saoul.
  • La Vierge du quinze août arrange ou dérange tout.
  • Avant la Bonne-Dame, tu peux labourer quand tu veux, après la Bonne-Dame, tu laboures quand tu peux.
  • De saint Laurent (10 août), à Notre Dame, la pluie n'afflige pas l'âme.
  • Pour saint Laurent, la pluie vient à temps; pour Notre Dame, encore on l'aime ; pour saint Barthélémy (24 août), tout le monde en fera fi.
  • Entre les deux Notre-Dame, jamais serpent n'a osé se montrer27.
  • Les œufs pondus entre les deux Notre-Dame, se gardent plus longtemps que les autres.
  • Pluie de l'Assomption, huit jours de mouillon.
  • S'il pleut pour l'Assomption, tout va en perdition
  • Pluie de Notre-Dame, fait tout vin ou tout châtaigne.
  • Quand il pleut le jour de Notre-Dame, il pleut jusqu'au 8 septembre28,29.

Notes et références

  1.  
  1. Le 8 septembre est la fête de la Nativité de Marie.

Musique

  • Assumpta est Maria : Missa sex vocibus cum symphonia pour solistes, chœur, flûtes, cordes, et basse continue H 11 et H 11 a, messe composée vers 1699 par Marc-Antoine Charpentier. Aux mêmes dates, il a composé les Antiennes pour les vêpres de l'Assomption de la Vierge H 50-52.
  • Assumpta est Maria à 8 voix, motet de Guillaume Bouzignac

Voir aussi

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Bibliographie
Articles connexes
Liens externes

Celle en qui Dieu s'est fait homme, la Vierge Marie, a inspiré une très profonde dévotion populaire au cours des siècles. Les saints et les théologiens ont chanté et loué ses mérites, l'Eglise l'a titrée du statut de Mère de Dieu et l'a déclarée préservée du péché originel par le dogme de l'Immaculée Conception. Mais on a parfois l'impression d'un fossé entre l'expérience populaire, immédiate de Marie, les données de la Bible et les formulations parfois complexes du catéchisme. Aussi cette émission cherche-t-elle à retrouver la figure et le rôle de Marie d'après les Ecritures et d'après les dogmes qui lui sont associés. Naturellement, c'est en compagnie d'un bibliste et mariologue à la fois, le père Daniel Doré, que ce nouveau numéro de " La foi prise au mot " explore la figure de Marie. Et pour l'accompagner, le père Franck Javary, curé de la cathédrale Sainte Geneviève de Nanterre et professeur de théologie au séminaire d'Issy-les-Moulineaux, apportera sa pierre de touche à cette émission en situant la place de Marie par rapport au Christ dans la foi chrétienne. Une émission qui permettra à chacun d'ajuster sa dévotion mariale de façon la plus équilibrée. La Foi prise au Mot

Musique: Ave Maria de Schubert
Bonne fête à toutes les Marie !
 
 

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