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2021-11-20T07:53:55+01:00

Marie de Hennezel: «Remettre la mort à la juste place dans nos vie»

Publié par Rose du Sud

RENCONTRES CAPITALES - Marie de Hennezel est psychologue, spécialisée dans l’accompagnement des personnes en fin de vie.

Si l’on devait modifier une chose pour changer la société de demain, ce serait …

Remettre la mort à sa juste place dans nos vies. Au lieu de l’occulter. Nous ne serons pas toujours là, les gens que nous aimons non plus. Cela oblige à plus de conscience et de responsabilité. cela oblige à se poser les questions essentielles: qu’ai je fait de ma vie? Quel a été le fil rouge de ma vie, sa fécondité? Ai-je été fidèle à mes valeurs? Dans toutes les traditions spirituelles du monde, méditer sur sa finitude aide à bien vivre, a se respecter soi-même, à respecter les autres et la planète sur laquelle nous vivons. C’est devant la mort, que l’on prend conscience de la valeur de la vie, de son sens, de la beauté, de l’amour.

Je crois qu’une société dans laquelle on a perdu le sens de la précarité de la vie, de sa finitude, est une société qui surfe sur l’absurde. On est dans une fuite en avant, on passe à côté des autres et de leur mystère. Les relations restent superficielles au lieu de s’approfondir. Paradoxalement, c’est quand on refuse de réaliser que la vie est limitée dans le temps et donc fragile, que l’on passe son temps à courir, à se distraire, à se laisser envahir par les soucis matériels. «Et c’est devant la mort que l’on prend conscience que la vie aurait pu être quelque chose d’immense, de prodigieux, de créateur;.Mais c’est trop tard…et la vie ne prend tout son relief que dans l’immense regret d’une chose inaccomplie.» écrivait Maurice Zundel.

Les hommes pressés d’exister ignorent ainsi qu’ils perdent le goût de vivre, car une des conséquences du déni de la mort est bien l’angoisse. En faisant comme si la mort n’avait aucune incidence sur nos manières de vivre, nous appauvrissons nos vies sans même nous en apercevoir. On croit qu’en oubliant la mort on vivra mieux. C’est l’inverse qui se produit. Le déni de la mort se venge en déniant la vie.

La mort qui n’a pas sa juste place finit par envahir toute l’existence. C’est pourquoi le thanatologie Louis Vincent Thomas disait de notre société qu’elle était devenue «thanatophobe et mortifère». Une société peureuse de tout et violente.

J’ai acquis la conviction que pouvoir parler de la mort - ce qui est une des façons de lui rendre sa place- faisait du bien. Les gens me disent souvent, après mes conférences, qu’au lieu de les angoisser, cela les apaise. Cela ne m’étonne pas, car en parlant de la mort, nous ne faisons finalement que parler de la vie, de ce qui compte, des leçons que l’on a reçues de la vie.

Stéphane Hessel, dont on parle beaucoup aujourd’hui, m’avait confié, lors d’une interview qu’il m’avait donné pour mon livre sur l’expérience de vieillir, que le fait d’avoir échappé à la mort promise dans un camp d’extermination l’avait rendu en quelque sorte reconnaissant à vie. Il s’estimait responsable de cette vie et habité d’un devoir d’être heureux.

Je pense aussi à Jacques Decour, ce jeune romancier de trente deux ans, fondateur avec Jacques Paulhan des lettres françaises en 1942, engagé dans la résistance intellectuelle, et fusillé par les nazis au Mont-Valérien. En prison, dans l’attente de son exécution, il écrit une lettre très touchante à sa famille.

«Maintenant nous nous préparons à mourir les uns et les autres…..On se prépare, on songe à ce qui doit venir, à ce qui doit nous tuer sans que nous puissions avoir un geste de défense….

C’est bien le moment de nous souvenir de l’amour.

Avons-nous assez aimé?

Avons-nous passé plusieurs heures par jour à nous émerveiller des autres hommes, à être heureux ensemble, à sentir le prix du contact, le poids et la valeur des mains, des yeux, des corps?

Savons-nous encore bien nous consacrer à la tendresse?

Il est temps, avant de disparaître dans le tremblement d’une terre sans espoir, d’être tout entier et définitivement amour, tendresse, amitié, parce qu’il n’y a pas autre chose.

Il faut jurer de ne plus songer qu’à aimer, aimer, ouvrir l’âme et les mains, regarder avec le meilleur de nos yeux, serrer ce qu’on aime contre soi, marcher sans angoisse en rayonnant de tendresse.

Si l’on devait devait conserver une chose pour changer la société de demain, ce serait…

Conserver le lien intergénérationnel. La société de demain sera un monde vieillissant. La pyramide des âges va se modifier. Il y aura un tiers de la population qui ne sera plus active et qui sera donc à la charge de la société, sauf si l’on valorise dans les années qui viennent ce que les personnes âgées apportent, par les services qu’elles rendent, leur bénévolat, la sagesse et la confiance qu’elles ont a transmettre.

Actuellement la famille est encore une force de solidarité. Mais elle est fragile. Les familles se dispersent, le risque de rupture du lien est plus grand. C’est pourquoi il est vital d’entretenir les liens entre générations, des liens d’amour, d’estime, de respect, de confiance. il est vital aussi de changer l’image que notre société porte sur les personnes vieillissantes. Si nous les voyons comme un fardeau pour la société, elles se sentiront inutiles et l’envie de mourir pour ne pas peser sur les générations plus jeunes l’emportera sur le désir de vivre.

Quand la personne âgée peut conserver une estime d’elle même, parce que ses enfants et petits enfants voient en elle une figure respectable et bénéfique (rappelons qu’au Japon, à Okinawa, les centenaires sont considérés comme des porte bonheur et des trésors), alors elle ne se sent pas seule même si elle vit éloignée géographiquement de ses enfants. Avec les moyens de communications modernes (skype, internet) on peut rester en lien même de loin.

https://www.lefigaro.fr/

Marie de Hennezel : "Côtoyer la mort au quotidien m'a rendue plus vivante"

Marie de Hennezel, psychologue et écrivain, est spécialiste de la fin de vie. Elle a écrit une douzaine d'ouvrages sur la mort et la vieillesse, le dernier en date : "Nous voulons tous mourir dans la dignité", chez Robert Laffont. Opposée à l'euthanasie, elle souhaite aujourd'hui plus de pédagogie auprès des personnels de santé sans changer la loi Leonetti

Un ancien article et écouter ...

https://www.francetvinfo.fr/replay-radio/femmes-d-exception/marie-de-hennezel-cotoyer-la-mort-au-quotidien-m-a-rendue-plus-vivante_1753881.html

Beaucoup de collègues de Marie de Hennezel, émettent l'hypothèse que la maladie d'Azheimer serait une façon progressive de s'absenter de la vie, pour ne pas avoir à affronter la mort .

Quelle que soit le lieu où nous terminerons notre vie, la dimension humaine peut être présente...

Soeur Emmanuelle disait " n'ayez pas peur de la vieillesse"

Stéphane Hessel

"c'est comme un couronnement, j'arrive à la cime de ma vie, et je regarde le monde et les autres avec une infinie tendresse"

Je les ressens dans mon coeur, cette contemplation tendre, me procure une immense joie !!

On peut vieillir avec intelligence, accepter ce que l'on ne peut changer, et se tourner vers tout ce qui reste à découvrir ....

Il s'agit suggère Misrahi d'enseigner une nouvelle sagesse. Non pas une résignation stoïcienne, mais un nouveau regard sur la vie vie qui s'achève. Le présent doit être vécu sur lui même

"La jouissance du présent ne cesse d'étoffer le temps"

Spinoza

En avançant dans lâge, réjouissons nous de vivre encore et ne nous lamentons pas d'approcher la mort ...

Robert Misrahi

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