La 40e rencontre européenne de Taizé rassemble, depuis jeudi 28 décembre, 20 000 jeunes à Bâle (Suisse).
À Bâle le 29 décembre 2017, des jeunes participant à la rencontre de Taizé chantent devant la cathédrale. / Gauthier Vaillant.
Une très longue file d’attente serpente sur Münsterplatz, à l’ombre de l’immense façade de grès rose de la cathédrale protestante de Bâle, emblème de la ville. La distribution de thé chaud proposée en ce début d’après-midi aux participants à la rencontre européenne de Taizé est un succès. Il faut dire que le beau soleil d’hiver qui illuminait la ville le matin même, a laissé la place à une grisaille qu’accompagne un froid mordant.
Sous les bonnets de laine, les visages sont souriants, les langues variées. Perches à « selfies » et manches de guitares dépassent par endroits de la foule. À l’image de cette place grouillante d’une vie joyeuse, Bâle voit déferler dans ses rues, depuis jeudi 28 décembre, les 20 000 jeunes chrétiens venus de toute l’Europe pour le rendez-vous annuel organisé par la communauté œcuménique de Taizé, qui durera jusqu’au 1er janvier. Quatre jours destinés à la rencontre internationale, à la prière et à la réflexion.
Parmi ces jeunes de 18 à 35 ans, chacun a ses raisons de venir passer ici les derniers jours de l’année, plutôt que de réveillonner chez soi en famille ou entre amis. « Chez moi, le nouvel an se passe toujours en famille, ça a été difficile d’y renoncer », témoigne justement Paula, 22 ans.
Cette étudiante en droit d’Argenteuil (Val-d’Oise) s’est finalement inscrite à la dernière minute pour venir à Bâle, avec d’autres jeunes de son diocèse de Pontoise. « J’avais besoin de me ressourcer, de faire quelque chose de vraiment personnel pour ma foi », poursuit la jeune femme qui dit avoir eu du mal à profiter, à la Toussaint, d’un séjour à Taizé où elle encadrait un groupe. C’est sa première rencontre européenne, tout comme Ted, 22 ans, venu avec le même groupe.
« Taizé est très différent de ce qu’on vit dans les retraites ou les pèlerinages chez nous. Ici, il y a plus de méditation, on est là avant tout pour écouter son cœur », raconte-t-il. L’œcuménisme, aussi, compte pour ce jeune catholique. « On a souvent des clichés sur la façon qu’on les autres de vivre leur foi ou de lire la Bible. Ici, on comprend qu’on est beaucoup plus semblable qu’on ne le pense. »
Pour Radoslaw, Polonais de 31 ans, passer ici les derniers jours de 2017 relève de l’évidence : ce vieux routard de Taizé en est à sa huitième participation à la rencontre européenne. Il était notamment à Strasbourg, en 2013, à Valence, en 2015 et à Riga, en 2016. « Je viens avant tout pour l’échange entre les cultures, l’expérience de la communauté et la prière pour la paix », liste cet organiste professionnel et professeur de religion. « C’est ici que je viens faire le plein d’espérance pour témoigner le reste de l’année. »
Comme les années précédentes, l’Ukraine a fourni un important contingent de pèlerins. Ils sont 2000 à avoir fait le trajet jusqu’à la Suisse. Parmi eux, Andreii, 23 ans, venu de la ville d’Ivano-Frankivsk, dans l’ouest du pays. Il est venu prier pour la paix à l’est, où le conflit avec les séparatistes pro russes se poursuit depuis trois ans. « Je crois que la paix peut arriver en 2018. Je prie pour ça », répète cet ingénieur fraîchement diplômé.
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Après la distribution du thé, des petits groupes se dispersent dans les rues. Devant la cathédrale, un groupe s’assoit en cercle sur les pavés pour un temps de prière. De l’autre côté de la place, un groupe d’Espagnols se réchauffe en entonnant des chansons de variété à la mode. Les autres s’égaient, un peu hésitants, plan de la ville à la main. On se réchauffe dans les cafés, on se recueille dans les églises – certains s’y endorment sur un banc, parfois. La vieille ville de Bâle vit, pour quelques jours encore, au rythme de ces jeunes et de leur « pèlerinage de confiance sur la terre ».